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NOTE {#1.}

Le Devoir de Rêver.



« Sentinelle, Où en est la nuit ? »





Au préambule de sa Constitution de 1992, le peuple togolais proclame solennellement sa : “ferme volonté de combattre tout régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l'injustice”.


Dans le creuset de temps remarquablement challengeants, une nouvelle génération émerge qui se sent plus crucialement contrainte par cet engagement. Elle entend embrasser pleinement son devoir.


Or, ce par quoi se trouve résolument fondé tout autre devoir est celui de rêver.


Abdication duquel devoir est le lit de toutes sortes de démissions. Parmi elles, le fait singulier qu’une poignée de femmes et hommes du Togo, censément ses porte-voix, posent l’acte conscient du musellement de sa population. Effet de s’interdire de rêver, de n’avoir point été exposé au rêve, d’ignorer jusqu'à l'option même de rêver, effet du tarissement du rêve.


Mais voilà que, justement, “rêver” est le dernier mot de la Modernité. Le moyen désormais d’un agir radical dans l’onction du beat infiniment extensible, en possibilité à un carrefour toujours plus gros de toutes ressources inédites. Ce sont ses Armes Miraculeuses, à la génération actuelle.


C’est son seul argument à opposer à ce qui se tient en face d’elle, entre sa si tangible fixation et la réalisation de son potentiel : un archaïsme oblitérateur du réel, confiscateur du futur de millions de subsahariens, dont la marque est la difficulté partout à exprimer un État.


Au Togo, l’État failli a cristallisé. Caricatural. Tour à tour ubuesque, mafieux, passablement totalisant. Son effet est plus singulièrement, sur plus de six décennies, la mise sous boisseau de l'énergie de la population : l'intelligence et le génie potentiel des togolaises et des togolais, leur liberté, le droit à jouir de la terre de leurs aïeux. Il administre une profonde médiocrité morale et professionnelle. Il ne tient que grâce à une trop longue habituation des togolaises et des togolais à une rare violence contre la chair et l'âme. A une jeunesse en transition pourtant pour être multitudinaire, il ne tolère aucune créativité en dehors de pas de danse sur les médias sociaux.


Il a ranci ici, ainsi l’Etat, au point de sembler insurmontable.


C’est mésestimer le pouvoir du rêve.


Et, depuis ce pays aux prises avec la forme terminale d’un certain fatalisme anthropologique, se pourrait mettre en chantier, le plus radicalement, une perspective. Parce que dans l'intense suc où il mature, effet cumulé du fatalisme et de la conscience démiurgique, la jeunesse, dans sa composante la plus allergique, aura pris corps avec rêver.


C’est dans la situation actuelle, ressources dont il faut trouver trace ; circonstance qu’il faut favoriser. Et après cela, pour quelques-uns, cette élite marginale constituée, le devoir, au nom de tous, de rêver.


Cet espace est pour cette conjonction. Il s’y posera les termes innovants du combat politique en vue de la restauration de l’espoir au Togo et depuis le Togo.


Son rêve propre déploie ainsi, profondément dans les temps futurs, la vision ambitieuse d’une population suffisamment réconciliée avec elle-même et les enjeux de son temps pour constituer un peuple à même de répondre présent au rendez- vous de son destin. Car - et c’est la violence ultime, rafraîchissante, faite aux Togolais - s’il leur faut rêver ce n’est pas que pour eux seuls. Territoire au cœur de la plus grande cité du monde en formation dans le Golfe du Guinée, son sort, désormais, le dépasse. Et le chantier qui ne peut plus être différé de sa modernisation, l’exigence sans concession pour sanctuariser de la dignité de Cinkassé à Lomé, tout l'effort de souveraineté et celui de justice sociale seront pour nous tenir à hauteur de responsabilités que nous prescrivent le tropisme : circoncire la misère occidentale, civiliser le mouvement de métropolisation générale, diverger la réalité algorithmique, réaffirmer du primat en face de l’extension à tout de la logique marchande, restaurer le sacré de la vie (humaine et non humaine), etc. Tout pour être le prototype d’une alternative organique à l'idéal moderne d'un artificiel achevé.


C'est donc une collectivité du devoir de rêver à réaliser d’abord. De togolaises et togolais, ceux sur le territoire carcéral et les autres, de la diaspora, prisonniers du dehors…; ceux, où qu’ils soient, plus intimement frustrés ; artistes et intellectuels et leurs amis de par le monde... Pour, depuis ici, l’inexorable marche vers la libération sur laquelle nous prenons une option par le rêve.


Cela se traduit d’abord ici par faire acte de voix. Cette liberté-là, ce n’est pas une constitution qui nous la donne mais notre créateur.


La forfaiture de mars 2024 est l’atteinte la plus grave à la Nation depuis l'élimination de Sylvanus Olympio. Atteinte au corps dans un cas. À la conscience dans l’autre. L’un ouvrit un cycle de gouvernance sans vision. Faisons de l'autre, l'opportunité de la fermer définitivement !



sename koffi agbodjinou.